Luc 1, 39 - 45 ""Quand l'Esprit s'en mêle..."

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CARCASSONNE

Dimanche 19 décembre 2021

4ème dimanche de l’Avent

LUC 1, 39 - 45

 

« Quand l'Esprit saint s’en mêle…»

 

Introduction : Quelle superbe histoire de rencontres ! celles d’avant, et puis, dans la foulée, celles qui naissent des précédentes. Une histoire de rencontres dont les suites ont alimenté les cœurs des croyants jusqu’à aujourd'hui ; la preuve, nous en parlons !

Commençons par remettre les évènements dans leur contexte social, temporel, historique, religieux et surtout spirituel. Puis nous nous pencherons sur ces personnages attachants que sont Marie et Élisabeth. Enfin, nous entrerons nous aussi dans leur rencontre pour faire nôtre ce texte où le Saint-Esprit est particulièrement actif ; est-il aussi présent dans notre aujourd'hui ?

 

1) : le récit, son contexte social et religieux : Luc loin de s’emmêler les pinceaux, les utilisent pour nous dépeindre une bien belle histoire de femmes. Une fois affirmée la conviction que ses écrits sont bien validés par une solide vérification des faits[1], Luc nous fait passer le seuil de la vie de deux femmes : Élisabeth, femme d’un prêtre, connait la honte de la stérilité et ce n’est pas dans ses vieux jours que les choses pourraient s’arranger. Il faut dire qu’en ce temps là, une femme stérile est quasiment une femme maudite ; elle est l’objet de moqueries et d’opprobre. « Quel péché a-telle donc commis pour que le Seigneur la prive d’enfants, enfants qui sont le socle de l’avenir familial et même sociétal. On chuchote, on la laisse de côté, qui sait, c’est peut-être contagieux. »[2] Il faut dire que dans son monde, personne n’envisage la possibilité que l’infertilité soit le fait de l'homme, même si les mariées sont souvent de très jeunes adolescentes et les maris de vieux messieurs,

Zacharie, son mari, va vivre une rencontre désarçonnante où l’ange du Seigneur, Gabriel, lui annonce la venue d’un fils, Jean, qui « sera grand aux yeux du Seigneur » et qui « marchera devant, sous le regard de Dieu, avec l’esprit et la puissance du prophète Elie ». Rien que ça ! Zacharie prend la chose à la rigolade, si j’ose le dire ainsi, et sera rendu muet pour cause d’incrédulité jusqu’à la naissance de son fils. Quant à Élisabeth, sa femme, la voilà enceinte quelques jours plus tard, sidérée de joie et de reconnaissance : « le Seigneur a bien voulu me délivrer maintenant de ce qui causait ma honte devant tout le monde ».

A propos de honte, quelque part dans un bled perdu de Galilée, une jeune fille va prendre le risque de s’en couvrir au péril même de sa vie. C’est Marie, qui, elle aussi, rencontre l’ange Gabriel, enfin, c’est plutôt l’ange qui vient à sa rencontre pour lui annoncer, vous n’allez pas me croire, « que l’Esprit saint va venir sur elle et que la puissance du Très haut la couvrira comme de son ombre ». Du coup, elle portera un enfant qui sera appelé Fils de Dieu. Elle apprend, dans la foulée, que sa cousine Élisabeth est enceinte et elle reçoit aussi l’assurance que rien n’est impossible à Dieu ». Rien que ça ! rebelote ? ben non, parce que Marie, elle, prend ces paroles au sérieux et accepte que tout se passe pour elle selon la parole qu’elle a reçue. Pas un instant elle ne semble imaginer les redoutables et mortelles suites possibles de sa gestation hors mariage, et si elle l’a fait, mais le texte n’en dit rien, alors chapeau bas, Marie !

Une remarque : souvenons-nous que dans le monde où Marie évolue, pas question de donner la moindre instruction intellectuelle, ou religieuse à une enfant destinée à la cuisine, au plaisir de l’homme et à la maternité. Les histoires d’esprit malfaisants, de pratiques superstitieuses et autres courraient les maisons et avec l’analphabétisme ambiant trouvaient toujours des esprits prêts à les entendre, particulièrement dans la gent féminine enfermée dans l’enclos culinaire et matrimonial impossible à quitter. Marie ne fait pas exception à la règle. Elle est nourrie de ces histoires à dormir debout, et bien qu’elle soit sans instruction, elle est pourtant capable d’un grand discernement et d’une réactivité pour le moins étonnamment surprenante. Sa personnalité semble déjà hors du commun. Et la suite va le confirmer.

 

2 ) Marie et Elisabeth : Nous voilà maintenant arrivés à notre péricope et déjà, quelques questions non résolues se posent : comment une jeune fille peut-elle sans l’approbation et l’accompagnement familial décider de partir, en hâte, dit le texte, à pétaouchnok par des chemins hasardeux et farcis d’embûches jusqu’à la maison de sa cousine, d’autant qu’à l’époque il n’y avait pas plus de panneaux routiers que de voitures à pétroles sur les chemins caillouteux des routes de Galilée et de Judée. D’ailleurs, personne ou presque n’aurait su les lire ! Les bêtes sauvages, les brigands, les mercenaires romains pourraient bien n’en faire qu’une bouchée ! Je ne l’imagine pas seule sur ces routes coupe-gorges. Elle s’est probablement joint à une caravane. Cette fugue impromptue n’est finalement que la suite logique de l’accueil que Marie fit aux paroles de Gabriel. Elle nous entraine vers une rencontre exceptionnelle où ce ne sont pas seulement deux femmes qui se retrouvent. Suivons-là !

Marie déboule sans crier gare dans la maison de sa cousine, une cousine qui ne semble pas le moins du monde étonnée de la voir passer le seuil de sa maison. Une rencontre donc à la fois voulue mais aussi inattendue. Nous avons donc déjà trois personnages en scène : Marie, l’enfant qu’elle porte et Élisabeth. Et le face-à-face réveille un quatrième personnage ; l’enfant dans le ventre d’Élisabeth qui lui, gigote avec ces petits pieds et ses mains minuscules : il fait un bond bien frappé dans le ventre de sa maman ! A six mois, cela n’a rien d’étonnant mais Élisabeth ne s’y trompe pas : ce n’est pas un coup de pied ordinaire, il dit autre chose que : « je vais bien, maman, t’inquiète ». Élisabeth le perçoit comme un appel à reconnaitre en sa jeune parente l’action de l’Esprit saint. Je décrivais une rencontre à quatre : deux mamans et deux enfants mais il me semble que j’oublie le personnage principal, si je peux ainsi le définir avec nos mots humains : l'Esprit saint est là, c’est lui qui suscite et fait advenir tout ce dont nous venons de parler. Élisabeth, elle aussi, dans la même situation sociale que Marie, laisse l’Esprit saint s’exprimer par sa bouche : « Dieu t’a bénie parmi toutes les femmes et sa bénédiction repose sur l’enfant que tu portes ». La réponse de Marie n’est pas dans notre texte du jour.

Quelle exhortation peut-on recevoir de cette histoire de femmes ? Une pensée me monte au cœur avec cette histoire exhortative : elle nous apprend qu’à Dieu rien n’est impossible et selon l’expression consacrée : « l’Esprit souffle où il veut ».

 

3) : Posons cet axiome dans nos vies, ici, aujourd'hui, maintenant. Crois-tu qu’à Dieu rien n’est impossible ? Crois-tu que l’Esprit souffle où il veut ? Crois-tu que l’Esprit saint peut venir dans ta vie ? Crois-tu que tu puisses vivre un itinéraire comparable à celui de Marie ?

Tout part d’une vie normale, enfin, dans les normes de 2021, et nous sommes là, à la vivre et la bâtir avec ce que nous sommes, ce que nous avons, tranquilou planplan : un peu de maison, un peu de famille, un peu de religion, un peu de cœur pour les souffrants autour de nous ou même au loin, un peu de loisirs, un peu de… ça s’additionne pour remplir notre temps de la journée ; bref, une vie ordinaire de chrétien ordinaire…

Et paf ! paf ! paf ! un appel est lancé, un appel inattendu pour vivre quelque chose d’inaccoutumé en Christ. Chacun, chacune de nous a reçu, reçoit de ces appels, pas forcément miraculeux, qui induirait comme pour Marie, changement et tempête dans notre vie, mais peut-être comme une voix ténue, subtile et impalpable, en nous, qui nous interpelle par une lecture, une prédication, un temps de prière, une rencontre… il me parle et m’impulse.

Pour nous, sera-ce alors rebelote « non », comme Zacharie, ou rebelote « oui » comme Marie ?

Le pasteur Jean Besset fait ce commentaire, je cite : « La découverte de la foi en nous, nous fait suivre le même itinéraire que Marie. Elle portait en elle le Messie, celui dont l’action révolutionnera la condition humaine. A notre tour, quand Dieu se manifeste en nous, c’est pour nous incorporer à la longue lignée des témoins qui portent, chacun à sa manière, un des aspects du Messie dont le monde a besoin, car Jésus a besoin de chacun des croyants de ce temps pour être accessible au monde contemporain. » (fin de citation).

 

4 ) Conclusion : Élisabeth, Marie, dans leur vie ordinaire de femme juive ordinaire n’auraient jamais pu imaginer ce que l’Esprit leur donnerait de vivre. Elles vaquaient à leurs travaux habituels de femme juive et c’est dans cet train-train de leur quotidien que l’Esprit s’est introduit. Elles ne l’attendaient pas, en tout cas, pas comme Il survint dans leur vie insignifiante, banale, où chaque jour ressemblait au précédent et était voué à devenir comme le suivant : acratopège[3] !

Nous, nos jours, la technologie en plus, sont aussi des jours ordinaires, plus ou moins selon ce qu’il nous est donné de vivre. Mais, fais gaffe ! ce jour là pourrait bien devenir celui où l’Esprit saint fait un détour pour venir à ta rencontre.  C’est le lot de tous les croyants, de toutes les croyantes : s’attendre à Dieu ! Antoine Nouis décrit cette attente, je cite :

« Attendre Dieu, c’est réaliser que tout peut avoir une fin, que nous sommes mortels. L’important devient alors urgent.

Attendre Dieu, c’est mettre de l’ordre dans sa vie, c’est abandonner ce qui est de peu d’importance et de ne retenir que ce qui mérite de subsister.

Attendre Dieu, c’est croire que la liberté, l’amour et la justice sont des urgences qui ne peuvent être renvoyées au lendemain.

Attendre Dieu, c’est apprendre à vivre[4] » (fin de citation).

J’ai parlé, il y a deux semaines à Narbonne, de la montre qui nous garde à l’heure de Dieu. L’heure où l’Esprit s’en mêlera et nous soufflera quoi vivre, et comment le vivre. Alors, j’ose l’espérer, nous répondrons comme Marie : « que tout se passe pour moi selon ta parole ». Amen.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Marie savais-tu : (avec enfants au début) :

 

Triolet sew : https://www.youtube.com/watch?v=usKU2ggpAJI

 

Bianca lacoban : https://www.youtube.com/watch?v=2t-HGCnLIzM

 

Des enfants chantent (pas téléchargeable) : https://www.youtube.com/watch?v=ue4LIXQlFWI

 

 

 

[1] Luc 1, 2 - 4

[3] Banal, commun, ordinaire, insignifiant

[4] Antoine Nouis µUn catéchisme protestant  p. 268

Publié dans Prédications

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