Matthieu 4, 18 - 20 ; Jean 1, 35 - 42 : "comme un pot au feu..."

Publié le par lecoeuretlamain.over-blog.com

arbonne

DIMANCHE 17 janvier 2021

 

          Jean 1, 36 – 42

        Matthieu 4, 18 - 20

 

                                Fil rouge : « Comme un pot-au-feu… »

Introduction :

 

Ah ! un pot au feu annoncé ! ça va être une merveille ! à table ! aussitôt dit, aussitôt attablée… et quoi ? il n’y a rien dans mon assiette ? c’est quoi ce binz ?

Ben oui ! pour un pot au feu, avant de poser les pieds sous la table en salivant, il faut, d’abord, avoir fait les courses, préparé les légumes, posé les aliments dans une cocotte… bon, je ne vais pas vous la jouer à Top Chef et vous détailler une recette dont vous avez certainement un exemplaire perso dans vos cahiers. Une chose est sûre : un pot au feu, ça n’apparait pas par miracle, d’un claquement de doigt. C’est un plat qui se prépare et plus il mijote et plus il est bon.

Vous voyez où je veux en venir ? À cet « aussitôt » que l’on trouve dans l’Évangile selon Matthieu, et qui m’a toujours turlupinée.

Un prêcheur passe, vous parle, et paf ! paf ! paf ! « aussitôt », vous quittez tout pour le suivre ? et bien moi, je crois que pour qu’il en soit ainsi, le terrain intérieur des disciples était déjà travaillé. C’est de cette préparation intérieure que nous parlerons ce matin.

 

1) les disciples : comme le grain de blé en terre

 

Commençons par André et l’autre disciple, un anonyme. Des juifs croyants, pieux et conscients de leur situation de pécheurs. Ils sont allés au devant de Jean, le Baptiseur, pour l’écouter parler de Dieu et d’eux, et aussi de celui qu’il appelle « l’agneau de Dieu », celui qui baptise dans l’Esprit saint et le feu.

Ce n’est pas anodin de rejoindre Jean sur les bords du Jourdain, de se faire baptiser d’eau en signe de repentance et de se laisser enseigner par lui. Devenir disciple de Jean, c’était déjà hors normes pour le monde religieux juif de cette époque. D’ailleurs les pharisiens, pas du tout emballés par ce type crasseux qui attire les foules loin du temple, ne savent que faire ni où le placer dans leur dogmatique : ni le Christ, ni Elie, ni Le prophète. Alors qui ? seulement un homme qui annonce Celui qui vient.

Voilà donc ce qu’André et son compagnon ont vécu avant de bifurquer sur une autre voie. Car lorsque Jean leur montre l’agneau de Dieu, ni une, ni deux, ils le suivent.

Mais ce n’est pas en deux coups de cuillère à pot, sur un coup de tête ou de folie qu’ils se mirent à suivre Jésus. Ils ont d’abord entendu parler de Jean. Ils se sont mis en route jusqu’au Jourdain et à cette époque, pas de voiture et encore moins de TGV, même pas une bicyclette ! Juste leurs pieds, la poussière, le soleil ardent qui plombe les corps et les esprits sur des chemins où les dangers de toute sorte sont légion. Puis, peut-être pendant des jours, ils ont écouté Jean, accepté le baptême de repentance, et ainsi formé leur être intérieur, mais ils ne le savaient pas, alors, que cela les conduirait à prendre une décision qui changerait leur vie. Un travail a commencé en eux, une longue préparation imperceptible et indiscernable mais active, dont ils n’avaient probablement pas conscience mais qui faisait son chemin comme le grain planté dans la terre attend son heure pour germer.

 

2) Jésus vient mais c’est selon …

 

Alors Jésus vient.

Nous remarquons, au passage, que les rédacteurs de Matthieu et Jean ont situé cette présence qui passe, différemment : l’un la voit près de Jean le Baptiseur donc au Jourdain et l’autre près de la mer de Galilée où André et son frère Simon sont en train de pêcher. Et la conversation qui s’en suivit est aussi, en apparence au moins, discordante. C’est ce que nous vivons, nous mêmes, chaque jour : chacune, chacun reçoit la parole, la vit et la raconte ensuite à sa sauce perso. Moi, par exemple, j’en ai fait un pot au feu. Et je sais qu’il y a mille et une recettes pour le cuisiner. Alors, si tu te mets à table avec moi, ce sera ma recette. Et si ça se trouve, tu vas l’apprécier mais continuer de préparer la tienne en arrivant chez toi.

Ce petit aparté me semblait utile. Revenons à nos moutons, ou plutôt à nos disciples.

Donc, Jésus vint. André et l’autre disciple, le cœur et l’esprit formatés par l’enseignement de Jean le Baptiseur, et plus tôt encore par l’enseignement reçu à la maison et à la synagogue, sont dans l’attente de Celui qui vient. Je ne crois pas qu’ils se soient mis en mode « je surveille fébrilement son arrivée du haut de la tour ». Ce qu’ils vont vivre est inédit et ils ne pouvaient pas savoir, ni se douter un seul instant du Messie singulier et hors des clous qui allait leur tomber sur le coin du paletot. D’ailleurs, ce Messie là, lui-même, allait apprendre, lui aussi, que ce qui avait été construit par son éducation religieuse juive serait complètement dépassé au-delà de tout ce qu’il aurait pu imaginer. Souvenez-vous de la femme syro-phénicienne par exemple et de l’enseignement que Jésus a tiré de cette rencontre. Il est là non seulement pour les juifs, mais aussi pour les païens… ça c’est une nouveauté qui frise l’anormal pour un juif pieux, fut-il appelé à être le Messie attendu.

 

3) Jésus vient, il t’appelle, toi…

 

Jésus vient. « Venez à ma suite et je vous ferai pêcheurs d’hommes. Aussitôt,  ils laissèrent leur filet et le suivirent. »

Et voilà ce qui peut arriver quand on a préparé son cœur à la venue de Celui qui vient. Il vient, il t’appelle, peut-être comme André et Simon lui poseras-tu une question ou deux mais ce qui est certain c’est que te voilà, toi, appelé et embarqué dans une histoire annoncée depuis l’aube des temps.

Je suis convaincue que c’est tout ce que les disciples ont vécu avant la rencontre, ce sont toutes les décisions prises pour marcher sur le chemin ouvert par le Seigneur qui ont construit, couche par couche, tout au long de leur vie, les fondations qui seront le soutènement de leur réponse lors de l’instant décisif qui sera leur « aussitôt ».

 

Jésus vient. Et il passe. Il regarde. Il appelle. Les cœurs préparés à cet appel ont réagi « aussitôt », d’autres seront plus longs à entendre et à comprendre. D’autres préfèrent un « big mac » tout prêt (j’ose l’anachronisme…) qui ne leur demande aucun effort, au pot au feu qui exige un travail préalable. Pour ceux-là, l’ « aussitôt » prend des allures de procrastination chronique. Demain, il sera encore temps…

 

Cette méditation me tient particulièrement à cœur car les enfants de nos familles sont davantage nourris à la va vite chez un Mac Do que dans une cuisine où tout doit se préparer, repas après repas, où les menus doivent se penser à l’avance, pour être équilibrés et nutritifs.

Je me demande combien de parents se disent tous les matins : oh ! il mangera quand il sera grand ! il choisira lui-même ses menus ! Ce qui est sûr, c’est que cet enfant là, quand il sera grand, à ne rien manger de consistant sera fichtrement maigre, plus qu’un haricot vert ; et sans les nutriments qui auraient assuré son équilibre, pas sûr qu’il ait encore la force de raisonner pour décider de ce qu’il va manger. Il se ruera sur le premier sandwich venu. C’est là la force des mouvements sectaires et leur cible préférée évidement !

 

D’autre part, ne redoute pas cet « aussitôt ». André, son compagnon anonyme, Jacques, Jean et tous les autres, hommes et femmes, ont accepté de vivre un « aussitôt » séance tenante. Si cet « aussitôt » est la marque d’une réaction rapide, les disciples tout en suivant Jésus ne se sont pas enfermés, comme les esséniens par exemple, dans une tour d’ivoire où plus rien d’autre n’aurait eu d’importance.

Jésus vient. Il t’appelle, tel que tu es, là où tu es, là où tu en es dans ton aujourd'hui où l’ « aussitôt » sera non pas celui d’André ou de Pierre ou de Jean, pas davantage celui de François d’Assise par exemple, mais le tien comme il fut celui de millions de nos frères et sœurs à travers l’espace et le temps.

 

Jésus vient. Qu’attend-il de toi ? « Aussitôt » ne veut pas dire « exploit » et plat de finale pour meilleur cuisinier de France. Ce ne sera pas forcément un plat gastronomique compliqué, sophistiqué, qui renverrait hors des clous, ou plutôt des fourneaux un cuisinier amateur. Non, pas besoin de savoir mitonner une « noisette d’agneau des Pyrénées rotie, mousseline de haricots tarbais, jus d’agneau corsé à l’ail de Cadours » ou un « tataki de saumon bio écosse avocat et émulsion au sésame ».

Jésus vient. Il t’appelle. Comme il est venu à la table de Zachée, il vient à la tienne, et mangera ce que tu as dans ton réfrigérateur sans rouméguer ou chipoter. Pour lui, l’important ce n’est pas le plat sur la table, mais toi, à ses côtés. Il te connait et il connait aussi tes capacités de performeur culinaire. Je parle bien sûr, depuis le début, de la cuisine de ton cœur, mais tu l’avais compris.

 

Conclusion :

 

Jésus vient. Il t’appelle. Philippe Zeissig, dans son livre : « une minute pour chaque jour » précise clairement ce que le maitre attend de toi. Ce sera notre conclusion :

Je cite : « Qui peut soulever 100 kilos, peut en soulever 10 ; qui peut courir une heure peut courir 5 minutes ; qui peut payer 100 [Euros] peut payer 1 [Euro]. Ces évidences se résument toutes en cette formule qui fait partie de la sagesse populaire : « qui peut le plus, peut le moins ».

C’est très joli, mais c’est très décourageant pour les gens qui, comme moi, n’ont jamais pu grand chose.

Cependant, voici que Jésus, au lieu de répéter avec tout le monde : « Qui peut le plus peut le moins » renverse les choses et affirme : « Qui fera le moins fera un jour le plus ! Qui commence par être fidèle dans les petites choses le sera un jour dans les grandes. »

Voilà qui devient intéressant pour mes petits moyens.

Il n’est pas possible de saisir tout l’Évangile. Mais si on a compris une seule parole et qu’on essaie, de toutes ses forces, d’en vivre, eh bien ! demain, on  en comprendra deux autres à la lumière de la première… et peut-être qu’aussi cette année nouvelle ne passera pas pour rien[1]. »(fin de citation).

 

Alors, nous allons commencer par une petite salade verte, toute simple. Les enfants pourront aussi en préparer une. Et demain, tous ensemble, nous nous attaquerons à du plus « technique ».

Du coup, notre « aussitôt » d’aujourd'hui et celui des jours à venir va pouvoir se vivre dans une construction qui ira crescendo des entrées les plus simple jusqu’à un plat aussi élaboré qu’un pot au feu qui nous semblera, alors, n’être plus qu’une formalité.

De toute façon, Jésus vient, il te connait, il t’appelle. Toi tu lui ouvres la porte, et il prendra le repas avec toi. Et comme le précise Matthieu, il est avec toi jusqu’à la fin des temps. Cela, me semble-t-il, te laisse une sacrée marge et un immense paquet d’ « aussitôt » à vivre, avec lui. Amen ! et bon appétit !

 

[1] Philippe Zeissig « une minute pour chaque jour » 1er janvier

Publié dans Prédications

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