l'arbre du jardin et la femme

Publié le par lecoeuretlamain.over-blog.com

L’ARBRE DU JARDIN ET LA FEMME

(sur une idée éclose pendant la lecture de « l’Aujourd’hui de la création » d’Antoine Nouis)

Elucubration joellienne pour le jour de Pâques

Avant de commencer, je voudrais dire  mille mercis au pasteur Antoine Nouis. Son livre « l’aujourd’hui de la création » a fait germer en moi cette élucubration de Pâques. Par ailleurs, si vous êtes pasteur ou théologien, et que votre  cœur est fragile, un peu cardiaque sur les bords, et porté à l’infarctus, je vous en prie, passez votre chemin sans vous arrêter.

L’arbre du jardin se fait une sève d’encre… Du bout de  la pointe de sa cime, qu’il a penchée au risque de jouer, avant l’heure, à la tour de Pise, il entend, là, tout en bas, la femme, Eve, en grande conversation avec quelqu’un qu’il n’arrive pas à voir et qui doit se trouver dans une de ses branches du bas. Bizarrement, par moment, ça glisse et ça le chatouille !

Oui, il se fait du souci : la femme a un air bizarre et cela ne lui plait pas du tout, mais alors pas---du---tout ! Il a comme un pressentiment.

Adam. Adam… A-Dam !!! mais où est-il donc, ce gros cornichon (si, si, il y en avait déjà dans le paradis, pas cuit, bien sûr et pas au vinaigre mais bon…), ce gros cornichon doit encore être en train de rêvasser quelque part…

Adam. Adam… A-Dam !!!

Adam vaque… Adam est en train de se promener dans les chemins du jardin… observant deci-delà tout ce qui tombe sous son regard ; tiens ! il se gratte… on dirait qu’il a des  démangeaisons…Explication : tout à l’heure en passant à côté d’un éléphant, il l’a gratouillé derrière l’oreille là où une famille de pucerons s’était installée et l’un de ces garnements a trouvé très intéressant de changer de moyen de transport…

Et puis, Adam a couru ou plutôt sautillé après un couple de papillons aux chatoyantes couleurs. Il a gazouillé, le temps de quelques trilles, avec un rossignol. Il est tombé en arrêt devant un buisson aux fleurs multicolores, les a tendrement caressées d’une main légère, émerveillé, comme un enfant. Bref, je vous le disais, Adam vaque… mais il réfléchit aussi, ça lui arrive.

« Ah ! le voilà l’endroit que je cherchais, idéal pour mon carré de tomates, bien exposé, pas trop grand. [[en aparté, il s’adresse aux spectateurs]] : de toute façon, nous ne sommes que deux pour le moment et les tomates du jardin d’eden, je vous pas la taille ! [[il fait le geste de description d’un énorme légume en écartant les mains]]. Mais non, l’espèce « tomate de Marseille, n’existe pas encore. Une sombre histoire de sardine dans un port encombré est née de celle des tomates du jardin d’Eden… si, si… Mais revenons à notre promeneur. Oui, ce sera parfait avec quelques cyprès[1] pour le protéger du vent…

Pendant ce temps, l’arbre en perd ses feuilles ; il s’en fait des nœuds dans le tronc. Adam. Adam… A-Dam !!! Vous savez qu’Antoine Nouis fait une fort pertinente remarque à propos de cette situation ; il dit, je le cite : « s’il a recommandé à sa femme de ne pas sortir de la maison et de ne pas parler à des inconnus, c’est bien fait pour lui ; il aurait dû l’emmener avec  lui pour lui faire partager son travail et ses projets[2] ».

Alors là, à ce moment de l’histoire, nous pourrions faire une version courte. La voici. En 2017, qu’est-ce que le paradis pour nos contemporains ? une grande plage de sable fin, le bleu de la mer jusqu’à l’horizon (avec ou sans vagues, c’est selon…), le soleil jour et nuit… qu’est-ce que je raconte ? jour et nuit et quoi encore ?...le soleil donc, avec des jours plus longs que les nuits, de beaucoup, des jours de solstice d’été perpétuels, des corps bronzés de vahinés ou de sportifs musclés, les cocotiers… eh oui, aujourd'hui, l’arbre du jardin, à coup sûr, ce serait un cocotier ! et dans notre histoire, il semble se trouver en pleine tempête ; et que fait  un cocotier dans la tempête ? vous avez vu les tornades à la télé ? et je te me le secoue un coup à gauche, un coup à droite, du bas jusqu’en haut et de haut jusqu’en bas… et que se passe-t-il quand un cocotier est secoué ? hein ? il largue toutes ses noix, ses noix de cocotier, un tombereau de noix qui tomberait sur le serpent qui ne s’en remettrait pas, pas plus que l’anaconda du livre de la jungle après sa séance d’hypnose sur Moogli… et l’histoire serait finie ! aujourd'hui, nous serions tous dans le paradis… ah ! quel beau rêve !

C’était la version courte, je devrais dire la version « conte de fée », vous savez : « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants »…

Hélas ! trois fois hélas ! Nous sommes bien obligés d’en venir à la version longue… dans les drames de théatre, à l’acte trois, ou deux… ou quatre… enfin, celui que vous voulez, l’auteur fait entrer le traitre, celui qui « fait » grain de sable et enraye la machine bien huilée d’un amour sans nuage… mais Antoine Nouis, lui, théologien de haut vol, va beaucoup, beaucoup plus loin et vous n’allez pas me croire, mais vous pourrez le vérifier dans son livre, savez-vous qui il fait entrer en scène à ce moment-là ? ou plutôt savez-vous CE qu’il fait entrer en scène à ce moment-là ? Ce moment où nous sommes toujours dans le jardin : l’arbre y est en train de devenir chauve d’inquiétude, et aphone à force d’appeler l’homme qui ne vient pas, Eve va nous faire la bêtise du siècle, que dis-je, de tous les siècles ! Quant à Adam…

Et Antoine Nouis nous fait alors entrer en scène…. Le pot de confiture ! il fait un étonnant exposé sur le pot de confiture et son syndrome. Vous connaissez le syndrome du pot de confiture n’est-ce pas ?  vous savez … ce pot qui est juste là dans le haut du vieux buffet en bois, à la fois presque accessible (le tabouret n’est pas loin) mais absolument interdit d’ouverture et d’utilisation par votre grand-mère entre les repas… et vous passez et vous repassez devant le buffet, l’air de rien… [[sifflements]] Grand-mère est dans le jardin en train de travailler dans son carré de tomates… tiens, je me demande si je ne l’ai pas déjà faite, celle-là… et puis… et puis… « quelqu’un », « quelqu’un » qui me ressemble fichtrement… me tend le pot de confiture… je le regarde, le pot, je le regarde encore, et encore… encore une fois ? non mais… est-ce moi qui léchouille mon doigt avec délice, un doigt tout sucré et « pégueux ». ah !  la confiture ! une bonne confiture d’abricots avec des amandes effilées et une larme de Cherry… à creuser… y avait-il du Cherry au paradis avant que Noé n’invente une boisson qui fera bien des dégats…  dis-donc, c’est mon doigt… qu’est-ce qu’il fait là ? je réalise tout à coup que je tiens le pot de confiture d’une main… de surprise, je le lache et il tombe… dans le bruit sourd du mélange sirupeux qu’il déverse sur le sol.

« j’ai mangé de la confiture… j’ai mangé de la confiture… j’ai mangé de la confiture… était-ce vraiment moi ou un autre ? vite, sors de là, Jo, et va voir ailleurs ce qu’il y a. J’y vais, toute déconfite, si j’ose le dire ainsi ;  le cœur dans les talons… un goût sucré sur la langue et un bout de doigt englué… qu’est-ce qui va m’arriver ?

C’est alors qu’une voix « off » crie :

- « Eh ! toi ! Christ est mort et ressuscité aussi pour les amateurs de confiture ».

- Je me retourne : « Christ est mort et ressuscité pour les amateurs de confiture ? »

- « Oui, Christ est mort et ressuscité pour toi »

- « Christ est mort et ressuscité pour moi ? Christ est mort et ressuscité pour moi… Christ est mort et ressuscité pour moi !!! Alléluia ! Alléluia ! Alléluia ! »

 

[1] Allusion aux cyprès qui pointent sous les fenêtres de Pomeyrol

[2] Antoine Nouis L’aujourd’hui de la création page 124

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