Veillée du vendredi saint 2020

Publié le par lecoeuretlamain.over-blog.com

Veillée du vendredi saint 2020 les 7 paroles du Christ en croix[1].

 

(Vous pouvez écouter l'enregistrement audio ici :  https://drive.google.com/file/d/1XQ3iepT65Rut3tUw3C64YW40ykJlOAEF/view )

 

Très chers frères et sœurs

 

Je voudrais plonger dans vos regards, mais confinement oblige… Je voudrais vous donner un saint baiser mais règles de sécurité obligent… Je voudrais vous parler face à face, mais ce serait un danger pour vous ou pour moi peut-être…

Alors, « in abstentia », retrouvons nous dans la paix de Dieu et joignons nos voix pour rendre grâce. Car au temple ou à la maison, derrière un haut-parleur ou derrière un écran, la grâce et la paix vous sont données de la part de Dieu notre Père, de Jésus notre Sauveur et de l’Esprit saint le consolateur.

 

Nous sommes réunis ce soir, comme tant de Chrétiens de par le monde, pour faire mémoire de la mort de Jésus de Nazareth. Toute cette veillée sera une réflexion sur les sept dernières paroles de Jésus en croix.

 

Chant 01 : Arc 456 Tu vins Jésus pour partager strophe 1 : Tu vins Jésus pour partager Toute notre existence, Tu sais le  poids d’un cœur chargé, De doute et de souffrance, Tu vins guérir tu vins parler, Nous dire enfin la vérité, Sur Dieu et sur nous-mêmes, Que notre esprit s’ouvre à ta voix, Et que nous sachions par ta croix, A quel point tu nous aimes.

 

Première parole dans Luc 23, 34 :« Père, pardonne leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ».

 

La première parole du Christ est sans doute la plus admirable, et sans doute la plus difficile à comprendre. Comment pardonner à ceux qui vous torturent, à ceux qui vous tuent ? Chacun sait qu’il est difficile de pardonner à qui vous fait du mal. A la souffrance se mêle le sentiment légitime de l’injustice pour celui ou celle qui a été offensé.

Le pardon n’est pas l’oubli. Comment Jésus de Nazareth pourrait-il une seule seconde oublier, alors que la souffrance lui rappelle à chaque instant le mal qu’on lui fait ?

Le pardon n’est pas lâcheté. Comment Jésus pourrait-il, même s’il le voulait humainement, se venger ?

Le pardon n’est pas complaisance avec le mal. Si les bourreaux ne savent pas le mal qu’ils font, le fils de Dieu le sait.

Le pardon est cette attitude qui permet de se libérer d’un enfermement dans le mal, il ouvre à une réconciliation possible, par delà le mal. Il faut du temps pour pardonner, or Jésus a peu de temps. Pardonner peut paraître au dessus de nos forces, alors il faut s’adresser comme Jésus au Père, lui est toujours prêt à pardonner….

 

Prions : Le Christ en croix appelle au pardon. Comment pourrions nous rester insensibles à cet appel : faisons effort ce soir pour penser à ceux ou celles à qui nous n’avons au fond jamais pardonné. « Père, pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés »

 

Chant 02 : ARC 452 (parole 1) strophe 1 : O  douloureux visage, De mon humble Seigneur, O tête sous l’outrage, O front sous la douleur, Plein des beautés divines, dans les cieux infinis, C’est couronné d’épines, Que je te vois ici.

 

 

 Deuxième parole dans Luc 23, 43 :« Je te dis, c’est la vérité : aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis ».

 

Jésus s’adresse à un bandit en train de mourir. Ce dernier, que peut-il espérer ? Les promesses, c’est pour ceux qui sont en vie et qui ont du temps pour les voir s’accomplir ou non. Jésus sur la croix fait pourtant deux promesses : la première est celle du paradis, ‘paradeisos’ en grec, c’est à dire un jardin, plein de vie végétale et animale, le lieu de l’arbre de vie. Au delà de la mort, Jésus promet la vie, la fécondité. La deuxième promesse : tu seras avec moi. Au delà de la mort, Jésus promet une communion : les liens ne seront pas rompus par la disparition du corps et des fonctions biologiques. La vie éternelle, c’est ce réseau de relations autour du Christ, vainqueur de la mort. En faisant cette promesse, Jésus dit sa foi dans sa propre résurrection. La deuxième parole est annonce de Pâques, au cœur du désastre.

 

Prions : Le Christ en croix promet au bandit de l’accueillir au Paradis. Ce que le Christ nomme vérité est au cœur de notre foi Chrétienne. Aide-nous Seigneur à accueillir cette promesse, et à la transmettre. Aide-nous à devenir des incorrigibles optimistes, qui, sans naïveté, face aux périls qui nous environnent, affirment, qu’il y a toujours un espoir, puisque Jésus ne nous abandonnera jamais. Aie confiance, il y a un royaume à venir. « Père, que ton Royaume vienne ».

 

Chant 02 : ARC 452 (parole 2) strophe 2 : C’est toi que ma main blesse, C’est moi qui suis guéri, C’est moi qui me redresse, C’est toi qui est meurtri, Quel étrange partage, De ma vie et ta mort, Où ta mort est le gage, Que la vie est mon sort

 

Troisième parole dans Jean 19, 26  :« Mère, voici ton fils » « Disciple, voici ta mère ».

 

Jésus s’adresse à sa mère Marie et à Jean, le disciple pour qui il avait une affection marquée. La vie est faite de perpétuels changements dans nos vies relationnelles : deuils, éloignements, ruptures. Jésus, même dans son agonie, demeure soucieux des autres, inquiet de l’avenir de ceux qui vont lui survivre dans cette vie terrestre. Il invite à prendre soin les uns des autres, à renforcer les liens de solidarité, à lutter contre l’isolement.

 

Prions : Le Christ en croix confie sa mère à son disciple. Seigneur, donne nous la force de prendre soin de ceux qui survivent, renoue les liens distendus dans nos familles et parmi nos amis. « L’Eternel te dit : Aime ton prochain comme toi même »

 

Chant 02 : ARC 452 (parole 3) strophe 3 : Parmi tant de blessures, De la lance et des clous, Parmi tes meurtrissures, La trace de mes coups, Et parmi tant d’offenses, Ton seul, ton seul pardon, Et pour seule espérance, La force de ton nom.

 

Quatrième parole Matthieu 27, 45 :  « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?  Eli, Eli, lama sabaktani».

 

Le cri de Jésus a été diversement compris, à commencer par ses premiers auditeurs : appelle-t-il Dieu ou le prophète Elie ? Le psaume 22 lui revient-il à la mémoire, dans ses réminiscences d’homme juif qui souffre ? S’abandonne-t-il à Dieu, ou est-il traversé par le doute ? L’heure est angoissante, et la foi n’exclut pas les interrogations, et les moments de solitude. Cette parole, qu’elle que que soit l’interprétation qu’on lui donne, me bouleverse. Le Christ vit son humanité dans ce qu’elle a de plus difficile.

 

Prions : Le Christ en croix crie sa souffrance à Dieu. Seigneur, que la souffrance du monde ne nous laisse pas indifférent, que nos propres épreuves ne réduisent pas au silence notre relation à Dieu. « Père, ne nous laisse pas entrer en tentation »

 

Chant 02 : ARC 452 (parole 4) strophe 4 : De l’humaine misère, Tu t’es fait serviteur, De chacun de tes frères, Tu portes la douleur, Seigneur de nos souffrances, Et de nos lendemains, Garde notre espérance, En tes vivantes mains.

 

 Cinquième parole dans Jean 19, 26  : « J’ai soif ».

 

Cette cinquième parole de Jésus, tout humain pourrait la dire. C’est la seule parole véritablement universelle, et c’est justement pour cela que Jésus la dit. Maman me disait qu’une de ses amies la veille de son décès à l’hôpital, n’arrêtait pas de demander : « à boire, à boire ». Jésus expérimente le besoin le plus fondamental et s’associe ainsi aux manques les plus essentiels. Jésus éprouve la dépendance et le manque.

 

Prions : Le Christ en croix a éprouvé la soif. Seigneur, des millions de personnes ne peuvent satisfaire leurs besoins les plus essentiels. En ce printemps 2020, toute la corne de l’Afrique est menacée par la faim et la soif. Donne nous de tendre un verre à qui a soif, de donner à manger à qui a faim. « Père, donne nous notre pain de ce jour »

 

Chant 03 : ARC 449 (parole 5) strophe 1 : O Jésus ta croix domine, Les  temps, les peuples, les lieux, Et toute grandeur s’incline, Sur la terre et dans les cieux.

 

Sixième parole avec Jean 19, 30  : «  Tout est accompli ».

 

La mort fait de toute vie humaine un destin. Parmi les milliards de destins humains, nous croyons que celui de Jésus fut unique, nous croyons comme Renan que Jésus fut un homme incomparable par son altruisme, sa capacité à entrainer des gens, à les enseigner, à les secourir. Nous croyons qu’il fut le messie attendu par le peuple d’Israël, nous croyons qu’il fut le fils de Dieu, qu’il était la Parole même de Dieu, Dieu fait homme.

 

Prions : Seigneur, toute vie humaine est un destin que nous te confions. Fais que notre vie réponde à ton proje. Que notre vie, courte ou longue, soit remplie de l’Esprit. « Père, que ta volonté soit faite »

 

Chant 03 : ARC 449 (parole 6) strophe 2 : Dans les pages du Saint Livre, Les  prophètes ont chanté, Ta mort qui nous fait revivre, O Jésus ressuscité.

 

Septième parole avec Luc 23, 46 : « Père, je remets ma vie dans tes mains ».

 

La septième et dernière parole de Jésus est une parole d’abandon. Jésus s’abandonne à Dieu. Il lâche prise, comme on dirait aujourd’hui. La dernière parole est une parole de confiance. Lui qui avait tant de force, d’autorité, de vigueur (il a une trentaine d’années), il se repose dans un autre, dans le Tout autre. En même temps ce Tout autre est son Père.

 

Prions : Le Christ en croix s’est remis à son père. Seigneur, donne nous la grâce de nous confier en définitive à toi et à toi seul. Remettons à Dieu, nos joies et nos peines, nos réussites et nos échecs, la santé et la maladie, la pauvreté et la richesse, nous remettons nos vies entre tes mains. Et finalement « Que ton nom soit sanctifié ».

 

Chant 03 : ARC 449 (parole 7) strophe 5 : O Jésus, ta croix domine, les temps, les peuples, les lieux, Et dans ta gloire divine, Bientôt tu viendras des cieux.

 

 « Jésus pousse un grand cri, il dit : « Père, je remets ma vie entre tes mains ». après qu’il a dit cela, il meurt . Il baisse la tête dans sa mort »

Ainsi mourut Jésus de Nazareth sur une colline de Jérusalem.

 

Temps musical… Requiem de Fauré

 

Prions : Père, une fois de plus, après que ton fils soit monté au Calvaire, nous l’avons regardé expirer sur la croix. Nous l’avons entendu crier de misère, pardonner, s’en remettre à toi. Nous voyons, maintenant la longue cohorte de tous ceux qui, à sa suite, continuent à devoir suivre le même chemin : les exilés, les persécutés, les emprisonnés, les torturés, les abandonnés, les oubliés, les mourants, les victimes de la Covid 19, partout sur notre terre.

Tous, en ce jour, implorent avec le bon larron : « Jésus, souviens-toi de moi, quand tu viendras dans ton règne ». Nous-mêmes ne pouvons rien faire d’autre que le répéter avec eux : « Souviens-toi de nous, et souviens-toi d’eux tous ».

Nous voici, comme les disciples, incapables de courir au secours du Maître, incapables de délier les chaînes injustes, d’arrêter la main des bourreaux, d’apporter la liberté aux captifs, de déchirer pour notre prochain, le voile qui lui cache ton amour, ton pardon, ton salut.

Mais nous pouvons au moins les confier à ta miséricorde, te demander de faire pour eux ce qui est hors de notre portée, et quand l’occasion est là de soulager autrui de la croix qui l’écrase, te supplier de nous arracher à notre indifférence et à notre immobilisme et à faire de nous des agents de ton Royaume.

Père, fais-nous la grâce de ne jamais contempler en vain la croix de ton Fils[2].

 

Oui, contemplons Jésus, notre Sauveur avec la communauté des sœurs de Pomeyrol :

 

C’est Lui,

C’est Lui, la pâque de notre salut

C’est Lui, en Abel assassiné,

                En Isaac lié,

                En Joseph vendu,

                En Moïse expulsé,

                En l’Agneau immolé,

                En David pourchassé,

                Dans les prophètes persécuté.

 

C’est Lui qui en Marie fut incarné

                Sur le bois suspendu

                Qui, en terre, fut enseveli

                D’entre les morts ressuscité

                Vers les hauts lieux élevé ».

 

C’est Lui l’agneau sans voix

                Lui, l’agneau égorgé

                Lui, né de Marie, la douce brebis

                Lui, prélevé du troupeau

                À l’abattoir traîné

                Et le soir exécuté

                Et de nuit enseveli.

 

Lui, dont les os, sur le bois

Ne furent point broyés

Qui, en terre, ne vit point la corruption

Et ressuscita d’entre les morts

Et ressuscite l’homme du fond du tombeau.

 

Dès maintenant dans cette contemplation, Père, nous te prions ensemble ;

 

Notre Père qui es aux cieux,

Que ton nom soit sanctifié,

Que ton règne vienne,

Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel,

Donne nous aujourd'hui notre pain quotidien

Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous  ont offensés

Ne nous laisse pas entrer en tentation

Mais délivre-nous du malin,

Car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire,

La grâce, l’amour, le pardon et la paix

Aux siècles des siècles. Amen.

 

Envoi

 

Blaise Pascal a écrit : « Ceux qui cherchent Dieu de tout leur cœur, qui n’ont de déplaisir que d’être privés de sa vue, qui n’ont de désir que pour le posséder, qui s’affligent de se voir environnés et dominés par de tels ennemis, qu’ils se consolent, je leur annonce une heureuse nouvelle : il y a un libérateur pour eux »

 

Bénédiction

 

Que cette assurance emplisse ton cœur. Va et toi aussi, annonce cette heureuse nouvelle : il y a un libérateur pour moi, il y a un libérateur pour toi.

 

Chant 04 : ARC 463 Agneau de Dieu Agneau vainqueur : Agneau de Dieu, Agneau vainqueur, Tu pris sur toi notre misère, Et tu nous fis pour Dieu, ton Père, Et rois et sacrificateurs. Ensemble aussi nous te rendons, Honneur, gloire et magnificence, Force, pouvoir,  obéissance, Et dans nos cœurs nous t’adorons, Amen, amen, Seigneur, amen !

 

 

[2] Extrait d’une veillée proposée par le pasteur Antoine Nouis

Publié dans culte intégral

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