Matthieu 13, 44 - 46 : deux chercheurs cherchaient...

Publié le par LE COEUR ET LA PLUME

29 juillet 2014 PERPIGNAN

ROMAINS 8, 28 – 30

MATTHIEU 13, 44 - 46

Introduction : « Qui cherche qui » et « qui cherche quoi »… Voilà les deux questions qui ont surgi en moi à la lecture de nos textes. C’est du royaume des cieux, mot qui dans le langage juif désigne Dieu, dont il est question ici, et particulièrement de quelque chose qui lui est semblable … Chacun de nous n’est-il pas, profondément, viscéralement, un chercheur de ce Royaume ? Ne sommes-nous pas prêts à tout vendre pour le trouver et le garder, comme l’homme dans le champ ou le marchand de perles ? Mais il y a plus encore dans ces paraboles, elles nous conduisent plus loin que notre propre quête. Rester au niveau d’un trésor dans un champ, ou d’une perle fut-elle la plus précieuse de toutes serait réducteur, évidemment. Ce matin, dans un premier temps, nous parlerons des paraboles en général et de celles de notre lecture en particulier, puis, nous tournerons nos regards vers un Chercheur infatigable, que nos paraboles ne mentionnent pas directement. Et cela ne sera pas sans conséquence pour nous. Ce sera le troisième et dernier temps de notre méditation.

1) paraboles :

a) Pourquoi des paraboles ? Ces récits imagés ressemblent au premier degré à des histoires pour enfants. Jésus parle de choses et de faits qui leur sont familiers : des poissons, du blé, un champ, une perle, un ouvrier, un marchand… Pour nous, au XXIe siècle, plus citadins que ruraux, les situations de ce monde champêtre semblent relativement obsolètes. Cependant, quand les disciples présentent à Jésus un « pourquoi parles-tu en paraboles », il donne une réponse où l’espace , le temps, la culture disparaissent : « on donnera à celui qui a et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas, on enlèvera même ce qu’il a ». Ainsi donc, c’est dans sa propre vie et ses propres biens que l’auditeur de la parabole, peut en comprendre le sens. Peu importe l’époque et les mœurs, c’est avec ce qu’il a aujourd'hui, maintenant, que l’auditeur de la parabole peut en recevoir la richesse. Et ces contes pour enfants deviennent alors une main tendue, une porte ouverte, une parole à engranger et méditer.

Faisons donc un bout de chemins avec ces deux hommes, des « trouveurs » … l’un d’eux n’a pas cherché : il tombe, apparemment, par hasard, sur un trésor, et l’autre n’a eu de cesse de chercher jusqu’à ce qu’il trouve. Ce qui m’interpelle, dans ces histoires de choses semblables au règne des cieux, c’est qu’il n’est pas évident de dire ce qui est semblable à ce règne. Est-ce l’homme ? Est-ce la chose trouvée ou cherchée ? Est-ce le lieu où la trouvaille se présente ? Des milliers de commentateurs, dans tous les siècles et toutes les langues ont proposé des commentaires sur ces textes. Voici celui que je vous propose aujourd’hui.

b) le trouveur de trésor et le chercheur de perle : Parlons d’abord de l’’homme dans le champ. Un ouvrier, un passant, un chercheur de trésor ? A l’époque, en effet, on ne pouvait engranger sa fortune sur un compte épargne ou dans des actions boursières. L’argent sonnant et trébuchant, les choses précieuses faisaient l’objet de calculs inventifs pour trouver un lieu sûr où les déposer ; il était courant de les enterrer. Mais les aléas de la vie : maladies, guerres, occupation d’une puissance étrangère, attaques de brigands ou de résistants pouvaient conduire à l’absurde : la mort du propriétaire. Disparu, personne ne savait où il avait caché ses objets de valeur. Ce devait être une situation relativement courante puisque le Talmud en parle : il déclare que trouver un trésor et le garder, ce n’est pas voler… Donc l’homme le trouve dans un champ et décide que c’est l’occasion de sa vie, au point de vendre tout ce qu’il a pour acheter le champ et son contenu, en l’occurrence, un trésor qu’il s’empresse de déposer dans une cache connue de lui seul quelque part dans le champ. Une découverte qui vaut les richesses de toute une vie…

Le marchand, lui, sait ce qu’il cherche et finit par trouver cette perle rarissime ; Forme parfaite ? Couleur exceptionnelle ? Grosseur hors norme ? Nous ne savons pas ce qui en faisait la valeur. Nous savons seulement qu’en la trouvant le marchand est prêt à vendre tous ses biens, lui aussi.

Dans ces paraboles, donc, une chose est récurrente : la quête du règne des cieux conduit à la découverte d’un trésor d’une valeur inestimable et à une décision d’importance pour le découvreur : se déposséder de tous ses biens pour acquérir ce trésor.


2) l’origine des biens précieux : un Chercheur qui nous précède : Bien sûr, nous pouvons nous identifier à l’homme dans le champ ou au marchand et argumenter comme nombre de commentateurs sur les efforts à faire pour devenir riche, riche selon le royaume de Dieu…………….

Et si nous prenions ces paraboles par l’autre bout de la lorgnette ? Relisons Romains 8 : « Tout coopère pour le bien de ceux qui aiment Dieu. Car ceux qu’il a connus d’avance, il les a aussi destinés d’avance à être configurés à l’image de son Fils, pour qu’il soit le premier-né d’une multitude de frères. Et ceux qu’il a destinés d’avance, il les a aussi appelés ; ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés ; et ceux qu’il a aussi justifiés, il les a aussi glorifiés »[1]. Avant que l’homme mette un pied dans le champ, avant que le marchand ne commence sa recherche, oui, avant que chacun de nous se soit mis en route, quelqu’un est là qui nous appelle et ouvre devant nous un chemin glorieux. Celui-là nous cherche et nous trouve et nous appelle et voilà que maintenant, Lui est l’homme dans le champ, Lui est le marchand de perle et nous, c’est à peine croyable, nous, tels que nous sommes, de simples humains, pas vraiment désirables et aimables, il faut bien le reconnaitre, nous sommes le trésor que Dieu trouve, la perle rare qu’il cherche. David Alisson, pasteur suisse, écrit : « Cela me plait bien d’être trouvé par Dieu. (…) Si la parabole montre comment je suis trouvé par Dieu, c’est que je suis le bonheur de Dieu. Pour moi, Dieu ne se pose pas de question. Pour Dieu, cela vaut la peine de se défaire de ses biens, de se dépouiller. Oui, pour moi, pour toi, pour vous, Dieu se dépouille parce qu’en moi, en toi, en vous, il trouve son bonheur. (…) Qu’est-ce que cela veut dire pour Dieu de se dépouiller ? Pour lui, c’est quitter son Royaume inaccessible et inabordable pour venir au cœur de notre vie humaine. Il le fait en Jésus, le Christ incarné dans notre humanité. Il le fait dans notre quotidien, parce que dans la valeur des relations que nous avons les uns avec les autres, nous rendons visible la présence de Dieu. Oui, Vous êtes le bonheur de Dieu. »[2]

3) qui cherche qui ou quoi ? : Qui cherche quoi ou qui ? Où es-tu dit Dieu ? Je te cherche, toi, mon bonheur. Que répondre à une telle déclaration ? Jouer à Adam et me cacher ? Je préfère plutôt répondre comme Augustin d’Hippone, dit « saint » Augustin : « Et voici que tu étais au-dedans et moi au dehors. Et c’est là que je te cherchais. (…) Tu étais avec moi et je n’étais pas avec toi. (…) tu as appelé, tu as crié, et tu as brisé ma surdité ; tu as brillé, tu as resplendi et tu as dissipé ma cécité ; tu as embaumé, j’ai respiré et haletant j’aspire à toi ; j’ai goûté, j’ai faim et j’ai soif ; tu m’as touché et je me suis enflammé pour ta paix. Quand j’aurai adhéré à toi de tout moi-même (…) vivante sera ma vie pleine de toi. [3]

Ainsi, pour répondre à la question « qui cherche qui et quoi », nous voilà devant deux chercheurs : Dieu et l’homme. L’un cherche l’homme et l’autre cherche Dieu. Pour Dieu, il sait lui comment faire. Quant à nous, sur notre chemin de recherche en quête du royaume de Dieu, nous pouvons emprunter bien des routes, chacun de nous selon ce qu’il est. Je vous propose ce matin, tout simplement, d’aller dans le champ de nos vies, de laisser le Seigneur retourner la terre encore et encore pour en déterrer le trésor caché ; de le laisser, sans nous lasser, sillonner nos routes intérieures où se trouve la perle rare. Je ne saurais décrire le trésor ou la perle. Je sais simplement que la recherche du Royaume est une double dynamique. Deux chercheurs sont en route l’un à la rencontre de l’autre. Que croyez-vous qu’il arrivât ? Ils finirent par se trouver. Mon bonheur ! dit Dieu. Mon Dieu ! dit l’homme.

Conclusion : Ecoutez, en conclusion ou plutôt comme une porte ouverte, cette histoire. Un peintre vit un mendiant de l’autre côté de la rue. Percevant l’ouvrage de Dieu en chaque être humain, l’artiste peignit l’homme comme il pensait qu’il pouvait éventuellement devenir, puis il appela le mendiant pour lui montrer le tableau :

- c’est moi ? dit le mendiant.

- c’est l’homme que je vois en vous, répondit l’artiste.

- si c’est l’homme que vous voyez en moi, dit le mendiant avec une nouvelle détermination dans le regard, alors c’est l’homme que je serai ». Amen.[4]

[1] Romains 8, 28 - 30

[2] Célébrer.ch culte du 20/04/2008

[3] Saint Augustin confession 10, 17, 38 - 39

[4] http://www.jesustheme.com/cesttoilechoixdedieubis.htm

Publié dans Prédications

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article